LETTRE DU PAPE FRANÇOIS
À L'OCCASION DE L'ANNIVERSAIRE DES 1000 JOURS DE GUERRE EN UKRAINE
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À travers cette lettre, que je t’adresse en tant que représentant de l’Ukraine bien-aimée et martyrisée, je désire embrasser tous ses citoyens, où qu’ils se trouvent.
L’occasion m’en est offerte par les mille jours depuis l’attaque militaire à grande échelle que subissent les Ukrainiens. Je sais bien qu’aucune parole humaine n’est en mesure de protéger leur vie des bombardements quotidiens, ni de réconforter ceux qui pleurent leurs morts, ou encore de soigner les blessés, rapatrier les enfants, libérer les prisonniers, atténuer les rudes effets de l’hiver ou rétablir la justice et la paix. Et c’est ce mot — paix — malheureusement oublié dans le monde d’aujourd’hui, que nous voudrions entendre résonner dans les familles, dans les foyers et sur les places de la chère Ukraine. Malheureusement, tout au moins pour le moment, ce n’est pas le cas!
Toutefois, mes paroles ne veulent pas être uniquement des paroles, bien qu’empreintes de solidarité, mais, comme je le fais depuis le début de l’invasion de ce pays, une invocation implorante à Dieu, unique source de vie, d’espérance et de sagesse, afin qu’il convertisse les cœurs et les rende capables d’entreprendre des parcours de dialogue, de réconciliation et de concorde.
Je sais que tous les matins, à 9h00, à travers une «minute de silence national», les Ukrainiens rappellent avec douleur les nombreuses victimes provoquées par le conflit, enfants et adultes, civils et militaires, ainsi que les prisonniers, qui sont souvent dans des conditions terribles. Je m’unis à eux, afin que que soit plus puissant le cri qui s’élève vers le Ciel, d’où provient tout secours: «Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre» (Psaume 121).
Que le Seigneur réconforte nos cœurs et renforce l’espérance que, en recueillant toutes les larmes versées et en demandant d’en rendre compte, Il demeure auprès de nous même lorsque les efforts humains semblent infructueux et les actions insuffisantes.
Dans la certitude que Dieu prononcera le dernier mot sur cette immense tragédie, je bénis tout le peuple ukrainien, en commençant par les évêques et les prêtres avec lesquels, cher Frère, tu es resté aux côtés des fils et des filles de cette nation, tout au long des mille jours de souffrance.
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L'Osservatore Romano, Edition hebdomadaire en langue française, LXXVe année, numéro 47, jeudi 21 novembre 2024, p. 4.
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