PRÉSENTATION
Le texte de cette Via Crucis a été écrit par un quelconque membre laïc de l'Église orthodoxe. Il a accepté cette tâche avec beaucoup d'émotion et de gratitude, pour deux principales raisons.
La première, c'est que sur la route du Golgotha, il ne peut plus y avoir de séparation. La mort d'amour du Christ rend dérisoire toute autre attitude que de pénitence et de réconciliation.
En second lieu, écrire un "chemin de croix", c'est méditer par une étrange expérience mystique, les paroles et les gestes du Dieu fait homme lorsqu'il assume jusqu'au bout notre condition, pour connaître de l'intérieur la mort et l'ouvrir sur la résurrection.
Il existe comme on a pu le voir ces dernières années, deux versions de la Via Crucis. La plus récente cite et commente uniquement des textes évangéliques. La plus traditionnelle ajoute des scènes nées de la sensibilité médiévale, surtout franciscaine: ainsi les trois chutes de Jésus, ou sa rencontre avec Véronique, scènes commentées par des passages de l'Ancien Testament. Tant de peintures ou de sculptures qui s'égrènent sur les murs des églises, en Europe occidentale et maintenant partout dans le monde, tant de chapelles ou de croix dressées au long des sentiers de pèlerinages, dans nos montagnes, ont rendu à tous ces représentations familières. C'est pourquoi le commentateur a préféré cette expression traditionnelle pour entrer pleinement, sans rien perdre de sa vision propre de la rédemption, dans la sensibilité du monde catholique.
On a souvent dit que l'Occident chrétien avait mis l'accent sur le Vendredi saint et l'Orient sur Pâques. C'est oublier que la Croix et la Résurrection sont inséparables, comme le souligne ce commentaire. Les stigmatisés du monde catholique savaient (et savent) que le sang qui coule de leurs plaies est un sang de lumière, et les orthodoxes célébrant aux Vigiles du Vendredi Saint l'office des « saintes souffrances », ou voyant dans tout homme de prière et de compassion un « stavrophore » c'est-à-dire un « porteur de la Croix », ont toujours compris que seule la Croix est résurrectionnelle.
Pour un orthodoxe, entrer dans la spiritualité franciscaine de la Via Crucis, c'était tenter d'en souligner la profondeur non seulement humaine mais divino-humaine. Car c'est Dieu lui-même qui, au Golgotha, souffre humainement nos agonies désespérées afin de nous frayer des voies (peut-être inattendues) de résurrection.
On le sait, la modernité a intenté à Dieu un procès acharné, impitoyable, que Dieu soit conçu comme tout-puissant, au sens terrestre et humain de ce mot (alors que le monde est absurde et mauvais), ou que Dieu nous ait créés libres (mais en sachant ce que nous ferions de notre liberté). Il fallait donc montrer — tenter de montrer — que la seule réponse à l'insoluble question du mal, c'est justement la Via Crucis.
Dieu descend volontairement dans le mal, dans la mort — un mal, une mort dont il n'est nullement responsable, dont peut-être il n'a même pas l'idée, a dit un théologien contemporain —, pour s'interposer à jamais entre le néant et nous, pour nous faire sentir, nous faire vivre, qu'au fond des choses il n'y a pas le néant, mais l'amour.
Dieu au-delà de Dieu, cet « océan de la limpidité », et cet homme couvert de sang et de crachats qui chancelle et tombe sous le poids de toutes nos croix, c'est le même, oui, c'est vraiment le même dans sa transcendance et sa « folie d'amour ». Telle est l'antinomie qui fait l'inimaginable originalité du christianisme. La souffrance du corps, la dérision sociale, le désespoir de l'âme abandonnée, tout se conjugue pour que Dieu se révèle ici, non comme une plénitude écrasante, qui juge et condamne, mais comme l'ouverture sans limite de l'amour dans le respect sans limite de notre liberté.
Et voici que cette distance impensable entre Dieu et le Crucifié — « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? » — s'emplit soudain du souffle de l'Esprit, du souffle de la résurrection. S'ouvre l'ultime étape de l'histoire humaine et du devenir du cosmos: dans le sang qui jaillit du côté transpercé du Christ, le feu que celui-ci est venu jeter sur la terre brûle désormais, ce feu de l'Esprit Saint qui féconde notre liberté afin qu'elle devienne capable de changer en résurrection la longue passion de l'histoire. Influx de paix et de lumière qui ne peut justement se manifester qu'à travers cette liberté qu'il libère et qui le libère...
De là vient sans doute la dernière caractéristique de ce Chemin de croix repris sous sa forme traditionnelle: le rôle majeur des femmes, à part Jean les seules fidèles, à la fois les plus exposées et les plus aimantes. Comme le prouve le geste de Véronique essuyant le visage du Christ d'un voile où il s'imprime et se transmet à nos églises: tant de saintes Faces où se montre en pleine pâte humaine le visage de Dieu, afin que désormais nous puissions voir en Dieu, tout visage d'homme.
Olivier Clément
PRIÈRE D'ENTRÉE
Le Saint-Père:
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
R. Amen.
Seigneur Jésus,
nous allons, dans les larmes et l'espérance,
t'accompagner sur ton chemin de croix.
Souvent, sous le poids de nos haines,
ou peut-être de notre indifférence,
tu chancèles, tu tombes et la poussière
emplit ta bouche.
Fais que nous puissions alors t'aider,
mystérieusement désignés
comme le fut Simon de Cyrène.
Et que nous osions, comme Véronique,
essuyer ta face maculée
pour révéler au monde sa lumière.
Nous lirons et méditerons
les textes les plus poignants des Evangiles,
et aussi d'Isaïe et des Lamentations de Jérémie.
Nous le ferons ensemble, chrétiens d'Orient et d'Occident,
car partout le soleil se lève, partout il se couche:
l'Orient et l'Occident sont en nous.
Dans l'aube du troisième millénaire,
l'Esprit montre la jeunesse du christianisme.
Oui, aujourd'hui le christianisme commence
dans la pauvreté et le pardon.
Au pied de la croix plus rien ne nous sépare,
nos regards convergent vers toi,
et nous avons besoin du regard de l'autre
pour mieux te connaître et t'aimer.
Toute la douleur du monde se concentre
dans ces heures de ta Passion.
Souvent aujourd'hui on rejette le Père
en le disant coupable du mal.
C'est volontairement que dans la mort tu t'enfonces,
apportant la vraie réponse à Job,
au Job innombrable de l'histoire.
Par les plaies de tes mains, de tes pieds,
de ton côté, sans doute de ton cœur,
c'est la lumière maintenant qui rayonne
pour tout changer en résurrection.
Fais de nous, dans la force et la fierté de l'Esprit,
des témoins de l'amour aussi fort que la mort.(1)
Montre nous dans les convulsions de l'histoire,
la Femme vêtue de Soleil,(2)
à la fois ta Mère et ton Eglise
et qu'elle enfante un monde transfiguré.
A toi, Père,
par le Christ, dans l'Esprit,
tout honneur et toute gloire
dans les siècles des siècles.
R. Amen.
(1) Ct 8, 6.
(2) Ap 12, 1.
VIA CRUCIS
PREMIERE STATION
Jésus est condamné à mort
Pilate leur dit: Que ferai-je donc de Jésus qu'on appelle Christ? Ils dirent tous: Qu'il soit crucifié! Qu'a-t-il donc fait de mal? demanda-t-il. Mais eux crièrent plus fort: qu'il soit crucifié!
Alors il leur relâcha Barabbas. Quant à Jésus, après l'avoir fait flageller, il le leur livra pour être crucifié (Mt 27, 22-23. 26).
* * *
Qu'il soit crucifié! Ce cri redoublé par la passion aveugle de la foule, étrange liturgie de la mort, il retentit tout au long de l'histoire, il retentit au long du siècle qui s'achève, cendres d'Auschwitz et glace du Goulag, et l'eau sanglante des rizières d'Asie, des lacs d'Afrique, paradis massacrés et tant d'enfants niés, prostitués ou mutilés. Oh, non pas le peuple juif, par nous si longtemps crucifié, non pas même la foule qui préfère toujours Barabbas parce qu'il rend le mal pour le mal, mais nous tous, mais chacun de nous, car tous nous sommes les assassins de l'amour. Et voici que le Vivant, celui en qui ne fut semé nul germe de mort, est condamné à mort. Le fouet lacère ce corps où respire l'Esprit. On l'emmène pour le crucifier.
* * *
Esprit de vie, Esprit de vérité, onction messianique de Jésus,(1) toi qui de ses paroles faisait des semences d'éternité, maintenant tu es le silence au cœur de la Parole humiliée. Revêts de ce silence notre prière pour qu'elle accompagne, bouleversée, Jésus cheminant dans nos abîmes.
DEUXIEME STATION
Jésus est chargé de la Croix
Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus au prétoire et rassemblèrent auprès de lui toute la cohorte. Après l'avoir dévêtu, ils jetèrent sur lui un manteau de pourpre, tressèrent une couronne d'épines et la posèrent sur sa tête, avec un roseau dans sa main droite. Fléchissant le genou devant lui, ils le raillaient: Salut, roi des Juifs! Ils lui crachaient dessus et, prenant le roseau, ils le frappaient à la tête. Puis, après s'être ainsi moqués de lui, ils lui retirèrent son manteau, lui remirent ses vêtements et l'emmenèrent pour le crucifier (Mt 27, 27-31).
* * *
Jésus, la dérision te sacre étrangement. Te voici revêtu de la pourpre des rois, la tête couronnée, le sceptre dans la main. Mais la pourpre est celle de ton sang et du sang innocent dont le monde ruisselle. Ta couronne est faite de ces épines que fait croître le sol maudit par nos péchés (2). Le sceptre est un roseau qui transperce ta main. Pourtant, sans le savoir, les railleurs disent vrai: c'est toi le roi des Juifs — peut-être, à travers les larmes d'Agar (3), un jour le sauront-ils — et par eux mais bien au-delà roi de l'humanité entière et du cosmos. De ton front les épines font jaillir des étoiles. Le sceptre dans ta main n'est pas le fer qui brise mais le roseau qui de folle tendresse chantera. Bienheureux serez-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera, qu'on vous calomniera (4). Alors l'Esprit fera éclore les cieux dans vos cœurs.
* * *
Jésus bafoué, Jésus exclu et humilié, donne-nous de te découvrir, de te servir, dans tous les exclus et tous les humiliés. Et aussi: dans tous ceux que nous divisions et nos paroles mortes éloignent de toi et qui cherchent la vie dans l'intensité de la mort: drogue des bombes et des poignards, drogue des sens, béatitude sans bienheureux. Prions ton Esprit Saint qu'il leur montre au tréfonds de tant de paroxysmes, non le néant tant redouté, tant attendu mais ton visage ivre d'amour, soleil de sang.
TROISIEME STATION
Jésus tombe pour la première fois
Vraiment ce sont nos souffrances qu'il portait et nos douleurs dont il s'était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié. Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, broyé par nos iniquités. Le châtiment qui nous donne le salut s'est abattu sur lui et dans ses plaies nous trouvons la guérison. Tous nous errions perdus comme des brebis, chacun suivant sa propre route et le Seigneur a fait retomber sur lui, l'iniquité de tous (Is 53, 4-6).
* * *
Sous le poids de la Croix, Jésus, sous le poids de toutes nos Croix, tu tombes pour la première fois. Et te relèves pour aller jusqu'à ces plaies mortelles qui guériront nos plaies. Toi qui n'a créé ni le mal ni la mort, tu les accueilles en serviteur souffrant pour nous donner l'Esprit qui les terrasse. Quiconque souffre aujourd'hui dans le monde, c'est sa douleur qui te fait trébucher. Maintenant tu connais vraiment l'homme, chacun errant sur une route vaine, la sienne, croit-il, et seulement la sienne, vers le néant qui tôt l'engloutira. Tu parcours le chemin de nos solitudes, de nos meurtres, de nos idolâtries, et te fais chemin de pardon.
* * *
Quand viennent le découragement et l'amertume et la révolte, révolte devant l'atroce maladie qui poignarde une jeune mère et l'arrache à ses bien-aimés, nausée quand le bourreau écartèle sa proie et que Mammon sereinement affame les peuples, alors donne-nous de savoir, Jésus, que ces Croix sont aussi la tienne inséparable de ta résurrection. Fais de mon désespoir une espérance, de ma nuit une confiance, de ma faiblesse un combat de vie, toi qui, pour avoir pleuré des larmes de sang, peux essuyer toute larme de nos yeux (5).
QUATRIEME STATION
Jésus rencontre sa Mère
Syméon dit à Marie, sa mère: "Cet enfant amènera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction afin que se dévoilent les pensées de bien des cœurs. Et toi, une épée te transpercera l'âme". Sa mère gardait fidèlement toutes ces choses dans son cœur (Lc 2, 34-35.51).
Ainsi parle le Seigneur: Cesse ta plainte, sèche tes yeux! Car tes peines auront leur salaire (Jr 31, 16).
* * *
Marie, femme de force et de lucidité, ton consentement libéra notre liberté. Sans lui, malgré la fervente attente du Père, le Verbe n'aurait pu s'incarner. "Qu'il m'advienne selon ta parole" (6): L'Esprit alors a pu venir sur toi, première Pentecôte, et retentir le Cantique des Cantiques, celui de l'histoire et celui de l'univers. Marie, tu étais une très jeune fille de Galilée. Tu ne pouvais tout à fait comprendre et ton visage se faisait grave et doux quand en silence tu méditais tant de merveilles. Peut-être plus tard as-tu douté dans ton inquiétude de mère (7). Mais l'évidence à toi s'est imposée, l'évidence de l'accomplissement des prophéties car Dieu déploie la force de son bras et comble de biens les affamés (8). Alors tu as suivi Jésus sur son chemin de Croix, un glaive dans le cœur. Sans doute pleurais-tu, mais c'est lui qui t'a consolée: ne pleure pas, ma mère, car dans trois jours je ressusciterai (9).
* * *
Sainte Marie, Mère de Dieu, prie-le pour nous quand la Croix innombrable de l'humanité devient un glaive dans nos cœurs. Qu'avec toi nous mettions au monde ce Dieu exclu que tu sus accueillir pour qu'il renouvelle tout par son amour. Sainte Marie, Mère de Dieu, donne à chacun cette maternité de l'âme qui permet le rayonnement de l'amour.
CINQUIEME STATION
Jésus est aidé par Simon de Cyrène
Comme ils sortaient, ils rencontrèrent un homme de Cyrène nommé Simon, et ils le requirent pour porter la Croix de Jésus (Mt 27, 32).
Jésus dit à ses disciples: Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, prenne sa Croix et me suive (Mt 16, 24).
* * *
Simon de la lointaine Cyrène, sans doute un exilé revenu, un paysan, précise saint Marc (10), un de ces pauvres qu'on méprise parce qu'ils connaissent mal la loi. Il rentre des champs, ne sait rien du drame. L'officier romain le remarque pour ses bras musclés, ses larges épaules, et parce qu'il fait partie de ces gueux que l'on peut traîter en esclaves. Il obéit parce qu'il faut obéir, prend sur lui le gibet de l'homme épuisé, sans doute un gueux comme lui-même, plus malchanceux, bandit ou résistant. Mais peut-être un échange furtif des regards ouvrit son cœur à la compassion, vraiment ici passion partagée. Ainsi parfois le destin nous requiert, une Croix nous est imposée, un appel au secours qu'on ne peut fuir ou la détresse d'un ami. Comment alors ne pas renier nos personnages dérisoires, nos occupations dérisoires et porter cette Croix soudaine dans une aveugle confiance.
* * *
Miraculeux échange des douleurs: Jésus, donne-nous de comprendre que c'est toi, lorsque nous chancelons, qui charge notre Croix sur ton épaule. Par toi, par ta vie ressuscitée, la Croix inattendue devient celle qui sauve.
SIXIEME STATION
Véronique essuie le visage de Jésus
Il n'a ni apparence ni beauté pour frapper nos regards, ni splendeur pour attirer sur lui notre amour. Méprisé et rejeté par les hommes, homme de douleur, familier de la souffrance, comme quelqu'un devant qui on se voile la face (Is 53, 2-3).
De toi mon cœur a dit: "Cherche sa face". C'est ta face, Seigneur, que je cherche, ne me cache point ton visage (Ps 27, 8-9).
* * *
On disait alors d'un esclave qu'il est "sans visage", et voici que le plus beau des fils des hommes n'est plus que cet esclave torturé qu'on voit d'autant moins qu'on le torture. Ainsi s'est-il identifié à tous les "sans-visages" du monde, ceux qu'on frappe pour les défigurer et voler leur âme, ceux qui n'ont en face d'eux, pendant des heures, que les écrans des ordinateurs, ceux qu'on désire sans aimer et les riches de fausse jeunesse fardée. Et vous, passants des foules solitaires, que personne ne regarde d'un regard qui fasse exister. Visages feuilles mortes dans les ruisseaux des grandes villes mais que le grand vent de l'Esprit fait ressusciter sous la Croix lorsqu'à chacun tu dis: aujourd'hui tu seras avec moi en paradis. Seule une femme, un être de tendresse et de compassion, d'un geste de mère ou d'amante, a libéré ton visage du masque de sueur, de sang, de crachats. Et voici que la Sainte Face, imprimée sur le voile de Véronique ou celui que reçut un roi d'Edesse ou le suaire brûlé du feu de l'Esprit, se multiplie dans nos églises pour nous apprendre à déceler, sous tant de masques, le visage de l'homme, sous tant de masques le visage de Dieu.
* * *
O Dieu, toi, l'inimaginable, tu nous a révélé ta face dans un visage d'homme transfiguré, dans un visage d'homme défiguré. Car la Vie s'est manifestée elle nous est apparue (11). Donne-nous le regard de Véronique pour deviner en tout homme ton image. Et comme sur le voile miraculeux, imprime ta face sur notre cœur pour qu'il s'embrase.
SEPTIEME STATION
Jésus tombe pour la seconde fois
Je suis l'homme qui a connu la détresse sous la verge de sa fureur. Il m'a conduit, il m'a fait cheminer dans les ténèbres et non dans la lumière. Il a barré mes chemins avec des blocs de pierre, obstrué mes sentiers... Il a donné à mes dents du gravier à broyer, il m'a nourri de poussière (Lm 3, 1-2, 9, 16).
Nous avons un grand prêtre qui n'est pas incapable de compatir à nos faiblesses, lui qui a été éprouvé en toute chose, à notre ressemblance, le péché excepté (He 4, 15).
* * *
Jésus, ton front royal, déjà ensanglanté de tant d'épines, dans ta chute heurte les pierres du chemin. Ta bouche se remplit de poussière, c'est à nouveau Gethsémani: Père, si tu veux, écarte de moi cette coupe, pourtant non pas comme je veux mais comme tu veux (12). Le prophète Jérémie, dans sa détresse, se croyait frappé par la fureur de Dieu. Mais nous voyons bien maintenant que c'est l'homme qui frappe Dieu. Jésus, entre le Père et toi nulle distance, tu t'abandonnes à sa volonté dans les ténèbres et non dans la lumière; les ténèbres aussi deviennent présence. Ainsi tu scrutes jusqu'au fond notre misère quand tous nos chemins sont barrés. Certes l'illusion même du péché reste étrangère à ton amour lucide. Mais son revers d'angoisse et de souffrance t'écrase sous des blocs de pierre. Tu souffres la passion de chacun. Tu souffres la passion de l'histoire, pour la faire résurrection.
* * *
Seigneur, lorsque tout semble sans issue, chemins barrés, poussière dans la bouche, révèle-nous la force du baptême dont tu voulus pour nous être éprouvé (13) pour jeter sur la terre le feu du Saint-Esprit (14). Dis-nous que nous renaîtrons de ce baptême, que jamais nous ne sommes abandonnés. Compagnon étrange de nos chutes, fais qu'elles arrachent nos peaux mortes et que poussière et cendre dans nos bouches, quand le cœur et l'intelligence se retournent, prennent saveur d'Eucharistie.
HUITIEME STATION
Jésus rencontre les femmes de Jérusalem
Crie de ton cœur au Seigneur, vierge fille de Sion; laisse couler tes larmes comme un torrent... élève tes mains vers lui pour la vie de tes petits enfants qui défaillent de faim aux coins de toutes les rues (Lm 2, 18-19).
Une grande foule du peuple le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et pleuraient sur lui. Mais, se retournant vers elles, Jésus leur dit: "Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants. Car viendront des jours où l'on dira: Heureuses les stériles, les entrailles qui n'ont pas enfanté et les seins qui n'ont pas allaité... Car si l'on traite ainsi le bois vert, qu'en sera-t-il du sec?" (Lc 23, 27-29, 31).
* * *
Jésus, tu n'as pas eu d'ennemis parmi les femmes. Une inconnue verse sur ta tête un parfum précieux (15), sacre messianique; une prostituée baigne tes pieds de ses larmes et les essuie de ses cheveux; pour son amour et par ta mort tu la bénis (16). Tu as justifié Marie la contemplative (17) et Marthe autant que Pierre a confessé que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant (18). Maintenant les femmes t'accompagnent et pleurent mais tu leur dis: pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants. Le monde est plein des larmes des mères, folles de la Place de Mai, et cette poétesse russe qui dix-sept mois attendit devant les prisons (19). Le monde est plein des larmes des mères à qui la drogue, l'argent ou la faim volent leurs enfants. Rachel ne veut pas qu'on la console (20), c'est toujours le massacre des innocents. Et c'est toujours toi que les femmes pleurent sur les violettes du printemps. Oh ressuscite, ressuscite, ressuscite tous nos enfants. Donne-nous ta sève, bois vert, pour que la Femme vêtue de soleil, toutes les femmes, enfantent une terre où puisse descendre la nouvelle Jérusalem.
* * *
Seigneur, tu confirmas la femme dans sa liberté de personne. Qu'elle assume librement le monde mais à travers sa féminité. Qu'elle soit la mère qui console l'homme, cet enfant perdu. Qu'elle soit la femme forte qui lutte pour la vérité. Nous te bénissons, Marie très sainte, toi qui n'as pas hésité devant l'incroyable aventure des noces de Cana à ces noces de sang.
NEUVIEME STATION
Jésus tombe pour la troisième fois
Il est bon pour l'homme de porter le joug dès sa jeunesse. Qu'il reste à l'écart en silence, qu'il mette sa bouche dans la poussière, peut-être y a-t-il de l'espérance! Qu'il tende la joue à qui le frappe, qu'il se rassasie d'humiliations. Car le Seigneur ne rejette pas à jamais. S'il afflige, il a compassion selon sa grande miséricorde (Lm 3, 27-32).
Venez à moi, vous tous qui êtes chargés et fatigués et je vous donnerai du repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur (Mt 11, 28-29).
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Jésus pour la troisième fois tombe. Et c'est plus bas que toutes nos chutes pour s'interposer à jamais entre nous et l'enfer du vide, entre nous et le néant pervers. Dans le silence alors naît l'espérance car dans l'humiliation du Dieu-homme il n'y a rien d'autre que l'amour: l'amour fou qui fléchit notre révolte en se révélant crucifié. Ainsi au fond de nous l'angoisse devient respiration de l'Esprit et nous n'avons plus besoin d'ennemis pour projeter sur eux notre nuit. Alors avec toi nous tenterons de rompre l'enchaînement de la violence: à qui te frappe sur une joue, dis-tu, tends lui l'autre (21) — humour de l'amour. Bienheureux les pacificateurs de l'existence car ils seront appelés fils de Dieu (22).
Nous arrachés au village blotti contre l'épaule de la colline et jetés, nomades immobiles, dans les banlieues informes, nous n'avons plus d'autre lieu que toi et les cœurs habités par toi.
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Que la miséricorde de Dieu me permette d'avancer encore, d'oser poser un pied devant l'autre non dans le vide mais dans le pardon. Que l'Esprit qui te soutient, Jésus quand volontairement tu vas au calvaire, me donne, si lourd et si léger, le joug de la vraie liberté qui me fait responsable de l'autre. Alors nous pétrirons la poussière où ta face s'est imprimée pour que toute la terre soit Véronique. Nous la pétrirons pour donner aux hommes du pain, du sens, de la beauté, pain à saveur eucharistique, sens Sagesse crucifiée, beauté qui traversant la mort se fait source de communion (23)
DIXIEME STATION
Les vêtements de Jésus sont partagés
Arrivés à un lieu dit Golgotha, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel (Mt 27, 33-34).
Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses vêtements et firent quatre parts, une pour chaque soldat, et sa tunique. Or cette tunique était sans couture, tissée d'une seule pièce du haut en bas. Ils se dirent donc les uns aux autres: ne la déchirons pas, mais tirons au sort qui l'aura. Ainsi s'accomplit l'Ecriture: ils se sont partagé mes vêtements et ils ont tiré au sort ma tunique (Jn 19, 23-24).
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Des femmes apportaient aux condamnés pour engourdir leur souffrance du vin mêlé de myrrhe. Jésus n'en voulut pas (24) pour que ni sa mort, ni sa résurrection n'aient de limites. Alors par dérision les soldats lui donnèrent une boisson de fiel, voulant ajouter à la douleur du corps celle de l'âme. Sur la montagne de la Transfiguration, les vêtements du Christ étaient devenus blancs comme l'éclair (25). Les soldats lui ont arraché ses vêtements, et les immensités du monde, les rocs, les eaux, les étoiles, et la vigne et le blé ne le revêtent plus. Dépouillement ultime, corps oublié, corps blasphémé, corps troué. Le monde n'est plus que ténèbres. Pourtant ils n'ont pas osé déchirer la tunique sans couture. Mais nous, chrétiens, que faisons-nous? Au pied même de la Croix, nous nous disputons la tunique et nous présentons à Jésus non la coupe que tous partagent mais le fiel de nos séparations. Tunique sans couture, en Christ Eglise de l'Esprit, on ne peut pas la déchirer. Les saints, les justes, les martyrs, les créateurs de vie et de beauté, les persécutés pour la justice, refont sans cesse son tissu de lumière.
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Seigneur, nous nous sommes partagé tes vêtements, nous les avons dispersés à l'Est et à l'Ouest, au Nord et au Sud. Fais-nous comprendre que la diversité des regards ne divise pas la lumière. Secrètement, la tunique reste sans couture, la communion des saints et des pécheurs existe toujours. Permets-nous de la découvrir au pied de la Croix, non dans l'avidité qui divise mais dans l'amour pour l'Homme de douleurs, pour tous les hommes de douleurs.
ONZIEME STATION
Jésus est cloué à la Croix
Quand ils l'eurent crucifié, ... s'étant assis, ils restaient là, à le garder. Ils avaient placé au-dessus de sa tête un écriteau avec le motif de sa condamnation: "Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs". Alors on crucifia avec lui deux bandits: l'un à sa droite et l'autre à sa gauche. Et ceux qui passaient par là l'insultaient, hochant la tête et disant: "... Si tu es le Fils de Dieu, descends de la Croix". De même se moquaient de lui les grands prêtres ainsi que les scribes et les anciens, disant: "... Qu'il descende maintenant de la Croix et nous croirons en lui" (Mt 27, 35-42).
Or l'un des malfaiteurs mis en Croix l'insultait: "N'est-ce pas toi qui es le Messie? disait-il. Sauve-toi toi-même, et nous aussi!" Mais l'autre le reprit: "Pour nous, c'est justice, nous payons nos actes. Mais lui, il n'a rien fait de mal". Et il dit: "Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans ton Royaume". Et lui lui répondit: "En vérité, je te le dis, dès aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis" (Lc 23, 30-43).
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La lumière luit dans les ténèbres mais les ténèbres ne l'acceptent pas (26). Le mal n'est pas un simple chaos comme si le néant remuait, mais une intelligence perverse qui voudrait nous faire douter. Meurtrier dès l'origine, dit Jésus (27), une personne mais étrangement éclatée puisqu'elle avoue que son nom est légion (28). Au désert déjà il invitait Jésus à des prodiges fascinants. Il le tente à nouveau en ce moment ultime: qu'il montre son pouvoir puisqu'il est roi, qu'il se détache miraculeusement de la Croix et tous l'acclameront, le mettront à leur tête. Ou le pouvoir, l'hypnose collective, ou l'amour crucifié. Jésus se tait. Ne répond rien non plus au bandit qui le somme d'être un Messie de puissance et de gloire. Mais à l'autre bandit qui lui clame sa foi, il ouvre sur le champ le Paradis. Car le Verbe incarné, déchiré sur la Croix, portait en lui le Paradis, plantant au cœur de la terre sanglante le nouvel Arbre de Vie.
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Seigneur, je suis à la fois le larron qui blasphème et celui qui met sa confiance en toi. Unifie-moi, Jésus, dans cette confiance. Qu'au moment de mes révoltes, de mes doutes, qu'au moment de ma mort, je t'appelle: "Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume" (29). L'instant alors devient la porte de l'éternité, ta mort juge mon jugement, la lumière de ton cœur est mon Paradis.
DOUZIEME STATION
Jésus meurt sur la Croix
Près de la Croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie de Magdala. Jésus alors, voyant sa mère et, auprès d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère: "Femme, voici ton fils". Puis il dit au disciple: "Voici ta mère" (Jn 19, 25-27).
De midi à la troisième heure de l'après-midi, l'obscurité se fit sur toute la terre. Vers trois heures, Jésus cria d'une voix forte: "Eli, Eli, lamà sabactáni?", ce qui veut dire: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?" ... Et, poussant de nouveau un grand cri, il expira (Mt 27, 45-46. 50).
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Près de la Croix se tiennent la Mère et l'Ami et deux femmes encore, seules fidèles quand les autres disciples ont fui. Première Eglise, à laquelle, en mourant, Jésus a remis son Esprit (30). L'Esprit jaillit de son flanc transpercé avec l'eau du baptême et le sang de l'Eucharistie. La Mère, l'Ami, il les a confiés l'un à l'autre dans cette immense communion qui fait de nous tous ses amis et d'elle notre mère. Et pourtant la ténèbre semble se refermer sur lui. Le Fils de Dieu, oui, Dieu lui-même, souffre humainement notre enfer, l'enfer de sa propre absence. Pourquoi, pourquoi m'as-tu abandonné? Un instant l'unité du Père et du Fils semble se rompre, tellement Jésus s'identifie à notre interrogation désolée. Mais retentit jusqu'à nous un autre cri: "Père, entre tes mains je remets mon esprit" (31). Et l'abîme un instant ouvert s'emplit du grand Souffle de la résurrection.
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En silence, nous voici au pied de la Croix où le Dieu incarné meurt d'amour. D'être ainsi aimés fait taire rancunes et accusations, nos accusations contre l'autre. Notre liberté achève de se libérer. Dans le silence du cœur un cri soudain jaillit avec des larmes: Mon Seigneur et mon Dieu. Et nous comprenons aussi le vieil adage monastique: qui voit son frère voit son Dieu.
TREIZIEME STATION
Jésus est déposé de la Croix
Il y avait là de nombreuses femmes qui regardaient de loin, celles-là même qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée et le servaient... Le soir venu, il vint un homme riche d'Arimathie, du nom de Joseph, qui, lui aussi, était devenu disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate et lui demanda le Corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu'on le lui remit (Mt 27, 55. 57-58).
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Au crépuscule vint une étrange paix pourpre comme la mer que le soleil embrase lorsqu'il meurt. Les femmes qui suivaient Jésus sont toujours là. D'elles il n'hésitait pas à faire des disciples. Leur douloureux amour les garde de la peur. Elles seront apôtres des apôtres (32). Elles viennent de la Galilée des nations, collines où vibrent encore les Béatitudes, où la terre offre au ciel le lac tout rond. Elles chantent le psaume des funérailles — Heureux, gardant son témoignage, ceux qui cherchent Dieu de tout leur cœur (33) — pour dire leur indéfectible confiance dans le Seigneur, notre bouclier, notre secours. Et vient le noble Joseph, riche de générosité. Il ne craint pas d'affronter le cruel Pilate pour lui demander ce corps torturé dont la mort fait une relique immaculée. Joseph veut dire le fécond, le père à la fois charnel et adoptif. Jésus, un Joseph t'a tenu dans ses bras petit enfant, un Joseph va te prendre dans ses bras après ta mort. Car le premier cri de l'enfant et le dernier soupir de l'agonisant composent le Nom du Seigneur.
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Jésus, aujourd'hui tu dors d'un sommeil qui semble de mort à la poupe du vaisseau du monde, comme tu dormais sur le lac (34). Dieu est mort, nous ont dit les doctes, il n'y a rien, rien que le ciel creux et vide où le néant suinte dans les trous noirs. Fais que nous soyons comme ces femmes qui même désespérées espéraient. Dans la nuit de l'indifférence et de l'imposture où beaucoup s'imaginent ignorer Dieu ou devenir Dieu dans une complaisante intériorité, fais-nous tenacement fidèles comme ces femmes et comme Joseph, courageux.
QUATORZIEME STATION
Jésus est mis au tombeau
Joseph prit le corps de Jésus, l'enveloppa d'un linceul très pur et le déposa dans son propre tombeau, un tombeau neuf qu'il avait fait creuser dans le roc. Puis il roula una grande pierre à l'entrée du tombeau, et s'en alla. Or il y avait là, devant le sépulcre, Marie de Magdala, et l'autre Marie (Mt 27, 59-61).
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Les femmes et l'Esprit veillent Jésus qui dort, lui le seul qui ne devait pas mourir mais s'est livré par folie d'amour pour faire de la mort une pâque. Dans la tombe que je suis Jésus dort, et sur lui j'ai scellé la pierre de l'oubli. O Vie, comment peux-tu mourir? (35). Mais ce mort n'est pas mort, mais ce mort ne dort pas. Son être de lumière veille encore plus bas le roc funèbre. Il descend jusqu'à ces confins où le monde, abandonné par nous, glisse au néant. Il descend et de ses mains impérieuses saisit l'Homme et la Femme, tous les hommes et toutes les femmes, et les recrée dans sa lumière. Car la lumière lui dans les ténèbres et les ténèbres par elle sont consumées. Tombe, grotte matricielle ou chambre nuptiale, la terre est ensemencée du feu de l'Esprit comme le fut Marie, notre buisson ardent. Christ va ressusciter des morts, Christ va ressusciter les morts, tout sera à jamais vivant.
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Avec les deux Marie veillons à la porte encore scellée, porte du tombeau, du cœur, de l'histoire. Entre la Croix et la Résurrection, dans la Pénombre d'un long Samedi saint, l'Esprit nous donne confiance. Que ta mort, Jésus, brise la force de la mort et fasse jaillir la vie pour le monde (36). Dans la lumière qui soudain nous submerge, que s'ouvre la porte du tombeau, que se brise le cœur de pierre, et que l'histoire trouve sens. Soyons dans l'allégresse et dans la joie car voici les noces de l'Agneau (37).
(1) Ct 8, 6.
(2) Ap 12, 1.
(3) S. Grégoire de Nysse, Contre Apollinaire, 52: PG 45, 1249 D.
(4) Gn 3, 18.
(5) Gn 21, 16.
(6) Mt 5, 11.
(7) Ap 7, 17; 21, 4; Is 25, 8.
(8) Lc 1, 38.
(9) Mt. 12, 46. 50.
(10) Lc 1, 51. 53.
(11) Liturgie byzantine et iconographie.
(12) Mc 15, 21.
(13) Jn 1, 2.
(14) Mt 26, 39.
(15) Lc 12, 50.
(16) Ibid. 12, 49.
(17) Mt 26, 7-10.
(18) Lc 7, 37-50.
(19) Ibid. 10, 38-42.
(20) Jn 11, 27.
(21) Anna Akhmatova, Le Requiem.
(22) Jr 31, 15.
(23) Mt 5, 39; Lc 6, 29.
(24) Mt 5, 9.
(25) Denys l'Aréopagite, Noms divins: IV, 7: PG 3, 704 C.
(26) Mc 15, 23.
(27) Lc 9, 29.
(28) Jn 1, 5.
(29) Ibid. 8, 44.
(30) Lc 8, 30.
(31) Lc 23, 42.
(32) Jn 19, 30.
(33) Lc 23, 46.
(34) Expression tirée de la liturgie byzantine.
(35) Ps 119 (118), 2.
(36) Mc 4, 38.
(37) Rite byzantin.
(38) Rite byzantin.
(39) Ap 19, 7.
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