DISCOURS DU PAPE JEAN XXIII
AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE TURQUIE,
M. FERIDUN CEMAL ERKIN*
Mardi 20 mars 1963
Monsieur le Ministre,
C’est avec un plaisir tout particulier que Nous accueillons aujourd’hui au Vatican le Ministre des Affaires étrangères de la République Turque. Votre Excellence n’ignore pas, en effet, les liens anciens et inoubliables qui Nous attachent à sa belle patrie.
Évoquer les rives fleuries du Bosphore, c’est, pour Nous, faire revivre le souvenir de l’hospitalité, tout empreinte de courtoisie, que Nous y reçûmes ; c’est rappeler à Notre esprit une série de rencontres sereines et pacifiques, échelonnées au long des années qui précédèrent le bouleversement de la seconde guerre mondiale.
Lorsque celle-ci fut déclarée, la Turquie se trouvait – et entendait rester – en dehors du conflit armé. Grâce à cela, elle put accomplir, dans le domaine de l’assistance, de la transmission de messages au bénéfice des familles et de l’intérêt actif à l’égard de tant de victimes de l’immense fléau, une oeuvre qui mérite d’être rappelée.
Ce que Nous voudrions mentionner aussi, car c’est tout à l’honneur de votre pays, c’est le geste que fit le gouvernement turc à l’occasion de l’ouverture du deuxième Concile œcuménique du Vatican : une mission pontificale fut invitée à visiter les lieux, si chers au peuple chrétien, où se tinrent les quatre premiers Conciles : Nicée, Istanbul, Éphèse, Chalcédoine.
Nous n’avons pas besoin de redire ici, devant Votre Excellence, combien le Saint-Siège apprécia cette initiative. Le gouvernement turc voulut la compléter, en quelque sorte, par une émission spéciale de timbres commémoratifs : nouveau geste hautement significatif, qui allait bien au-delà de la simple courtoisie.
Située sur deux continents, l’Europe et l’Asie, ouverte vers un troisième : l’Afrique, votre patrie est particulièrement qualifiée, au plan international, pour des rencontres à tous les niveaux. Nous savons par ailleurs qu’elle est prête à s’associer à tout ce qui se fait, dans le concert des peuples, en faveur des nations en voie de développement. Avec l’aide du Tout-Puissant, Nous souhaitons quelle contribue pour sa part, dans le monde d’aujourd’hui et de demain, à la consolidation de la paix et à son bienfaisant rayonnement.
*L’Osservatore Romano 22.3.1963, p.1.
Discorsi, messaggi, colloqui, vol. V, p.187-188.
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