DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX ÉTUDIANTS DE L'INSTITUT INTERNATIONAL
DES CLASSES MOYENNES
Samedi Saint 1 avril 1967
Nous n’avons pas voulu, chers Messieurs, malgré l’horaire chargé de cette période pascale, Nous priver de l’honneur de recevoir votre visite. Et Nous ne voulons pas Nous priver non plus du plaisir de vous adresser quelques mots, afin de vous manifester à nouveau tout l’intérêt que porte l’Eglise à ce que vous représentez avec tant d’autorité, au plan national et international: les classes moyennes.
Les classes moyennes n’ont pas toujours ni partout bonne presse aujourd’hui. Les vertus qu’elles personnifient: la prévoyance, le sens de l’épargne, le souci de la mesure, sont facilement qualifiées de «bourgeoises», et l’on met volontiers sous ce qualificatif une nuance de condescendante indulgence non exempte d’un certain mépris. La faveur va difficilement, en effet, à ceux qui prêchent la stabilité sociale plutôt que la revendication, à ceux qui préfèrent l’arbitrage à l’affrontement violent, la sagesse qui voit loin à la passion qui exige des satisfactions immédiates.
L’Eglise, pourtant, vous approuve et vous encourage. Nos prédécesseurs Pie XII, Jean XXIII, et Nous-mêmes vous l’avons témoigné en plus d’une occasion. Et l’évolution actuelle si rapide de la société ne peut que renforcer, Nous semble-t-il, la conviction que les classes moyennes peuvent et doivent y jouer un rôle irremplaçable.
Vous considérez comme essentielle à votre condition sociale une relative autonomie, et vous cherchez à la défendre contre des pressions de plus en plus fortes. Nul ne peut nier que vous apportiez ainsi un appui opportun à une cause qui est chère à l’Eglise: la défense de la personne humaine et de ses droits.
L’élément d’harmonie et de stabilité que représentent les classes moyennes n’est pas, aux yeux de l’Eglise, un moins précieux apport au véritable bien commun de la société.
Mais ce à quoi l’Eglise est surtout sensible, c’est la contribution notable que par leur importance numérique, par leur situation, par leurs qualités caractéristiques, les milieux sociaux que vous représentez peuvent apporter et apportent à la sauvegarde des valeurs morales et spirituelles. C’est là, vous le savez, le souci constant de l’Eglise en présence du monde moderne. Le Concile l’a manifesté avec éclat, et il Nous est agréable de vous le redire au lendemain de la publication d’un document du Magistère qui en apporte une nouvelle preuve: l’encyclique Populorum Progressio, consacrée aux problèmes du développement.
Immenses problèmes, auxquels tout homme de cœur doit être ouvert, quelle que soit la classe sociale à laquelle il appartient. On reproche parfois à la vôtre, vous le savez, un excès d’individualisme ou d’indépendance, une méfiance excessive envers ce qui peut troubler l’ordre établi. Nous avons confiance que l’élargissement de l’horizon qui est imposé aujourd’hui à tous par la situation du monde aidera les classes moyennes à prendre, elles aussi, mieux conscience de leurs responsabilités.
Nous aurions aimé, chers Messieurs, Nous entretenir plus longuement avec vous. Votre cher Président, Monsieur Roger Millot, est pour Nous - Nous croyons pouvoir le dire - un ami de longue date. Et il sait à quel point Nous partageons les soucis et aspirations du bel et grand mouvement qu’il préside avec tant d’autorité et avec un si bienfaisant optimisme.
Nous invoquons sur lui, sur vos personnes, vos familles et sur tous les membres de votre Institut international les meilleures bénédictions du Ciel, dont veut être le gage celle que Nous vous accordons de tout cœur en témoignage de Notre paternelle et constante bienveillance.
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