DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX MEMBRES ET CONSULTEURS DE «IUSTITIA ET PAX»
Jeudi 20 avril 1967
Vénérables frères et chers fils,
De nouveau, Monsieur le Cardinal, Nous avons plaisir à vous souhaiter la bienvenue. Avant-hier, vous Nous présentiez les membres et consulteurs du Consilium pro laicis. Et, ce matin, vous conduisez près de Nous membres et consulteurs de Iustitia et Pax. Comment ne Nous réjouirions-Nous pas de cette double naissance simultanée que Nous avons appelée de Nos vœux avec le Concile œcuménique, et qui se présente comme porteuse de tant d’espérance pour l’Eglise comme pour le monde?
Tant de pensées affluent dans Notre esprit en votre présence, dont Nous aimerions Nous entretenir avec vous. Le temps Nous est malheureusement limité. Mais sachez bien que la brièveté de Nos paroles traduit imparfaitement la chaleur de Notre affection et l’effusion de Notre confiance.
Vous représentez à Nos yeux la réalisation du dernier vœu du Concile (cf. Gaudium et Spes, n. 90). Comme autrefois - et encore aujourd’hui - une fois construite l’église, ou le campanile, on met la figure du coq sur le sommet du toit, comme symbole de vigilance pour la foi et tout le programme de vie chrétienne; de même, sur l’édifice spirituel du Concile a été placé ce Comité qui n’a pas d’autre fonction que de tenir l’œil de l’Eglise éveillé, son cœur sensible, et sa main prompte pour l’œuvre de charité qu’elle est appelée à donner au monde, «de façon à promouvoir le progrès des peuples plus pauvres, et à favoriser la justice sociale entre les nations».
C’est donc l’étude qui est le but spécifique du Comité; l’étude pour l’action. Nous avons voulu publier une Lettre Encyclique sur le développement des peuples, qui soit pour vous un texte de base, susceptible d’orienter utilement votre réflexion et votre action. Vous vous êtes déjà attachés - et Nous vous en félicitons - à étudier Populorum progressio, à l’analyser, à vous pénétrer de ses idées maîtresses, et à voir comment vous pourrez utilement travailler à en mettre en œuvre les orientations.
Dans ce message à «tous les hommes de bonne volonté», Nous avons voulu les aider à prendre conscience de ce que nous sommes tous frères, puisque tous fils du «Dieu vivant, Père de tous les hommes» (§ 21). C’est Dieu qui nous appelle tous à croître ensemble (§ 17), par un développement intégral de l’homme et un développement solidaire de l’humanité. Dans la situation actuelle du monde, cela demande un effort concerté pour lutter contre l’injustice, et aussi, par là, sauver la paix. Devant cette exigence que Nous avons rappelée au nom du Seigneur (§ 87), chacun est appelé à s’interroger, à réfléchir, et à agir. Vous pouvez beaucoup pour aider «tous les hommes et tous les peuples (à) prendre leurs responsabilités» (§ 80).
Oh, certes, vous savez avec Nous la petitesse des moyens dont dispose l’Eglise au plan matériel. Mai vous savez aussi que, mère et éducatrice des âmes, elle dispose d’un puissant levain, qui est celui de l’Evangile, cette bonne nouvelle apportée aux pauvres (§ 12). Et sa parole rencontre «l’attente des hommes», chez qui l’Esprit de Dieu est à l’œuvre (§ 32).
Une coordination sera nécessaire, théorique et pratique, certes, mais surtout spirituelle, cordiale, et vraiment catholique, entre la Commission et les institutions opérationnelles, au premier rang desquelles est la Caritas internationalis qui réalise des programmes variés, diversifiés, adaptés et concertés, et qui déjà coordonne les diverses œuvres de charité et d’assistance reconnues par les épiscopats responsables.
Vénérables frères et chers fils: il y a beaucoup à faire; trop peut-être direz-vous? Oui, certes! Mais Nous savons avec quelle ardeur et générosité vous vous êtes déjà mis au travail pour aborder, avec compétence et dévouement, les problèmes complexes et formidables qui vous sont soumis, et que vous vous attachez à résoudre en hommes d’Eglise. Selon vos forces, avec humilité, méthode, et persévérance, allez hardiment de l’avant, suivant la voie qui vous est ouverte par Notre récente Encyclique, conscients de ce que l’Eglise et le monde attendent de vous, «en ce tournant décisif de l’histoire de l’humanité» (§ 1). «Qui est fidèle en très peu de chose est fidèle aussi en beaucoup» (Luc, 16, 10). Veuille le Seigneur féconder votre action, qui est aussi la Nôtre: Nous le lui demandons en vous donnant Notre affectueuse Bénédiction Apostolique.
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