AU PREMIER REPRÉSENTANT DIPLOMATIQUE D
'INDONÉSIE,
S.E.M. E. SUKARDJO WIRYOPRANOTO
Jeudi 25 mai 1950
Monsieur le Ministre,
Cette journée apporte au Corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, un accroissement qui, comme tous les véritables amis de la paix le reconnaîtront, est hautement significatif et plein de promesses pour le progrès d’heureuses relations entre peuples et gouvernements. Nouveau membre, pleinement qualifié, du groupe des nations, les États-Unis d’Indonésie ont estimé important de ne pas laisser passer la première année de leur liberté et indépendance sans donner une preuve de leur attitude amicale envers le Saint-Siège, en établissant des rapports diplomatiques. Ayant bien conscience de ce que représente cette décision, Nous exprimons à Votre Excellence, à qui le Président a confié le poste d’Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire, Notre cordiale bienvenue.
Occupant un point du globe qui, tout en offrant de grandes et peu communes possibilités de développement, se trouve aussi exposé à des obstacles et dangers évidents, un peuple de soixante-dix millions de citoyens, dans ses luttes pour consolider et raffermir sa liberté, a droit à l’assistance fraternelle et à l’encouragement de tous ceux qui sont sincères dans leur dessein de ne pas écarter plus longtemps des nations et de la communauté internationale les bénédictions et les fruits d’une paix juste et durable.
Ce but, objet de la plus profonde aspiration et des prières les plus pressantes de tous les hommes de bonne volonté, est digne des plus beaux efforts humains, et personne n’est plus laborieusement attaché à sa réalisation que Nous. Notre cœur paternel est lourd d’anxiété en voyant se dérouler, sous Nos yeux, toute la tragique histoire de la désunion internationale et lorsque nous contemplons les résultats, sur le plan matériel et surtout moral, de la phase actuelle d’une politique qui persiste à retarder, arrêter et menacer la paix du monde.
Monsieur le Ministre, à l’occasion de vos débuts solennels dans votre haute mission, vous avez rendu hommage, en parlant au nom de vos compatriotes, à la plus haute et riche source de sincère et véritable paix. Dans les principes de base proclamés par votre État naissant, dans la « Pantjasila », le nom et l’autorité suprême du Tout-Puissant tiennent la première place. Quand la suprématie qui appartient à Dieu et à lui seul est reconnue et soutenue, les hommes, les nations, la démocratie et une conscience sociale droite trouvent, naturellement et en une puissante et féconde harmonie, leur propre place dans la hiérarchie des valeurs ; et bien que des circonstances extérieures, la faiblesse humaine et les risques d’erreurs puissent parfois retarder le progrès, aussi longtemps que le but et le chemin qui conduisent vers lui demeurent en réalité inchangés, la voie est ouverte à un avenir brillant et plein d’espérance.
Dieu qui connaît toutes choses sait combien est sincère Notre vœu pour que le peuple indonésien, si cher à Notre cœur, puisse en cette heure de son existence faire rapidement de grands pas vers le bonheur, le progrès et la prospérité. C’est là le vœu de tous ceux qui partagent notre foi et Nos convictions ; et Nous sommes sûr que les fils de l’Église travaillant en Indonésie ne céderont le pas à personne dans leur ambition de servir leur pays, et leurs compatriotes avec un dévouement désintéressé dans les domaines de l’éducation, de la charité et du devoir civique. C’est là leur devoir comme membres de la grande famille humaine et comme catholiques.
Nous rappellerons ici avec plaisir les paroles que prononça Son Excellence le Président de la République lorsqu’il reçut, au printemps de cette année, Notre Inter-Nonce. Citant l’activité culturelle des catholiques en Indonésie, il déclara que celle-ci se trouvait assurée pour l’avenir par la garantie de la « pantjasila ». Ces paroles ont jeté un pont de confiance par-dessus de vastes étendues de terre et de mer pour relier votre pays lointain avec le Saint-Siège. Vous vous êtes vu confier la noble charge d’en assurer la solidité et la stabilité. Nous n’avons aucun doute que dès ce premier jour de votre mission, Votre Excellence s’acquittera de sa charge de manière à satisfaire votre haut sens moral et pour l’avantage et le bonheur de votre pays et de son peuple.
Dans cette pensée d’heureuse participation, Nous vous demandons de transmettre Nos compliments à Son Excellence le Président, aux membres du gouvernement et à tout le peuple indonésien. Que tous soient assurés que Nous Nous réjouissons toujours en constatant les progrès réalisés par votre État, jeune mais conscient de son haut destin, en un mélange de confiance en soi, de sagesse et de modération, jusqu’à ce qu’il prenne sa place au conseil des nations, où ses efforts pour la prospérité et la grandeur nationales trouveront à s’harmoniser efficacement avec un service uni consacré au bien universel de toute l’humanité. Que Dieu le veuille.
* L’Osservatore Romano. Édition hebdomadaire en langue française n° 25 p.2.
Documents Pontificaux 1950, p.180-182.
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