PÈLERINAGE APOSTOLIQUE EN FRANCE
DISCOURS DU SAINT PÈRE AUX JEUNES
Lyon (France)
Dimanche, 5 octobre 1986
I. POUR TÉMOIGNER IL FAUT ÊTRE SÛR DE SA PROPRE FOI
1. “Leve-toi et marche”. A Jérusalem, peu de jours après la Pentecôte, un infirme fixait son regard sur Pierre, à l’entrée du Temple, pour en recevoir quelque chose. Pierre lui dit: “Se n’ai ni or ni argent, mais ce que j’ai, je te le donne: au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche”. Il reprenait la parole de Jésus au paralysé de Capharnaüm.
Chers amis, aujourd’hui, à Lyon, le successeur de Pierre vous dit lui aussi: “Lève-toi et marche”.
Se n’ai ni or ni argent. Se n’ai pas de réponses toutes faites, pour les questions que vous venez de poser et celles qu’expriment vos quinze mille lettres. J’en ai pris connaissance attentivement. J’y reconnais votre sérieux, votre volonté de progresser dans la foi, de prendre votre part dans l’Eglise, dans la société. A beaucoup de ces questions, vous réfléchissez, dans vos groupes, vos mouvements, vos aumôneries, vos paroisses. Vous continuerez à les approfondir en Eglise, avec vos amis, vos prêtres, vos aînés. Vous découvrirez des éléments de réponse.
Moi, je m’efforcerai de replacer vos problèmes dans la lumière de Jésus-Christ. Je viens en témoin de Jésus-Christ. Et je vous dis: lève-toi, ne te replie pas sur les faiblesses et les doutes que tu éprouves, vis debout. Avec la foi que tu as déjà mise dans le Christ Jésus, avec la force de son Esprit, marche vers Lui, pour bâtir avec lui et avec tes frères un monde nouveau.
2. Jésus-Christ, “le Vivant”! Pour Pierre et Jean, c’était celui qu’ils avaient vu, touché, entendu, après sa résurrection. Pour Paul, c’était le Seigneur qui l’avait saisi sur le chemin de Damas: “Je suis Jésus que tu persécutes”. Polycarpe, le vieil évêque de Smyrne, professait au moment de son martyre en 155: “Depuis 86 ans, je suis au service du Christ: comment pourrais-je maudire le Roi à qui je dois mon salut?” Or Polycarpe avait connu Jean, le disciple du Seigneur. Et l’évêque Irénée a connu Polycarpe. Les martyrs de Lyon, en cette fin du second siècle, viennent, en partie, du pays de Polycarpe. Leur témoignage se relie presque directement à celui des Apôtres qui ont vu le Seigneur. C’est la certitude de la résurrection de Jésus qui soutient Blandine. Et nous appartenons tous à la même Eglise apostolique.
3. Jésus-Christ! Certains adolescents ou adultes le découvrent, touchés par une grâce spéciale de Dieu, et, par lui, changent leur vie, se convertissent. La plupart cependant reçoivent la foi par le canal de l’Eglise, dès leur jeune âge, et il leur arrive ensuite de se poser des questions sur cette foi, voire de douter, puis de surmonter ces doutes – cela, je le comprends. Pour ma part, j’ai vécu l’enfance et l’adolescence dans une atmosphère de foi, dont à vrai dire je ne me suis jamais coupé. Le problème fondamental pour moi a été, sans qu’il soit question de doute, celui d’un passage de la foi héritée, plus affective qu’intellectuelle, aune foi consciente et de pleine maturité, intellectuellement approfondie après un choix personnel. Sur ce fond de la conviction primordiale que Dieu existe, j’ai approfondi, avec l’Evangile et avec l’Eglise, ma foi en Jésus, “le Christ, le Fils du Dieu vivant”, selon la belle profession de Pierre. Et Jésus-Christ m’a introduit à la connaissance du Père, à la vie avec l’Esprit Saint. La foi, c’est le don de Dieu, qui entraîne un don de la personne entière; elle trouve sa plénitude dans l’amour. “Pierre, m’aimes-tu vraiment?”. La foi est ce choix. Elle a la certitude de l’Amour de Dieu.
4. Dieu ne cesse d’être présent à ce monde. Il est la source de tout ce qui existe, de tout ce qui vit, de tout ce qui est esprit et amour. Sa présence est ineffaçable. En 177, les païens de Lyon avaient cru éliminer la foi en Jésus, en faisant même disparaître dans le Rhône les cendres des martyrs. Mais la résurrection du Christ a une autre puissance. L’Esprit Saint ne se laisse pas étouffer. En fait, c’est Lyon tout entière qui est devenue chrétienne, et toute la Gaule. En notre temps, des pays ont cru détruire l’attrait de Jésus, effacer le nom de Dieu. On a beaucoup parlé de “la mort de Dieu”. Mais il ne cesse de resurgir étonnament vivant dans les consciences.
Chers amis, le Christ fixe son regard sur chacun de vous, quel qu’il soit, comme sur le jeune homme de l’Evangile. Vos lettres parlent de la chance de connaître Jésus-Christ. Je précise: c’est la chance de reconnaître qu’il est présent, de prendre conscience qu’on est relié à lui comme un membre à la Tête du Corps. C’est là ce que réalise le baptême, il nous configure au Christ. Par vous, croyants, c’est le Christ qui vit dans l’Eglise, comme au temps des martyrs. Vous êtes l’Eglise qui témoigne que Jésus-Christ est vivant.
5. Dieu est présent, mais il est vrai que nous, nous pouvons être absents. Ce n’est pas Dieu qui manque au rendez-vous, c’est nous qui risquons de manquer la rencontre. Saint Augustin, converti en 386 – nous venons de fêter cet anniversaire –, confessait à Dieu, après avoir cherché le bonheur sur beaucoup de fausses pistes: <x Je t’ai aimée bien tard, Beauté si ancienne et si nouvelle! ... Tu étais au-dedans de moi quand j’étais au dehors, et c’est dehors que je te cherchais... Tu était avec moi, et je n’était pas avec toi”. Beaucoup de nos contemporains vivent ainsi dans l’indifférence religieuse, dans l’oubli de Dieu, organisant leur vie sans lui; ils essaient tous les chemins du bonheur, sans oser croire que le Christ est la Vérité, la Voie, la Vie. Puissent-ils se réveiller, “réveiller en eux le don de Dieu”, prêter attention à Celui qui frappe à leur porte, ou plutôt qui est plus intime à leur être qu’eux-mêmes! Vous, vous n’êtes pas indifférents. Vous reconnaissez qu’au fond vous avez soif de Dieu. Mais vous souffrez de l’indifférence actuelle.
6. Et vous souffrez plus encore des objections, de l’opposition, des moqueries des autres lorsque vous parlez de Dieu. Les prophètes ont éprouvé cette souffrance: “Qui a cru à notre prédication?”, Jésus nous a prévenus: “Heureux êtes-vous, quand on vous persécutera à cause de moi!”. Nous sommes tous appelés au courage de témoigner de lui sans rougir. Saint Paul a vécu ces tribulations. N’avez-vous pas entendu à la messe d’aujourd’hui comment il avertissait son disciple Timothée: “Ce n’est pas un esprit de peur que nous avons reçu, mais un esprit de force, d’amour, de maîtrise de soi. N’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur, et n’aie pas honte de moi qui suis en prison à cause de lui, mais avec la force de Dieu, prends ta part de souffrances pour l’annonce de l’Evangile”? Vos martyrs de Lyon ont subi les pires sévices pour être fidèles. Et cette histoire continue, ailleurs, aujourd’hui.
Ici, à votre génération, l’occasion n’est pas donnée de résister jusqu’au sang. Mais vous souffrez de ne pas pouvoir partager votre foi. Dieu est seul juge de la conscience de nos frères qui croient autrement ou qui ne croient pas; il lui appartient de faire fructifier sa vérité dans les esprits et les cœurs, qui l’accueillent librement, sans contrainte. Nous agirons toujours avec respect, avec patience, avec amour. Mais nous désirons de toutes nos forces que tous connaissent Dieu en plénitude: nous prions pour que ce don de Dieu rencontre leur disponibilité; et nous devons y travailler, donner un témoignage clair de la foi que nous avons reçue, dans un dialogue attentif aux pierres d’attente, soucieux du langage qui touche et confiants en l’Esprit Saint qui travaille en eux. Jésus vous dit à vous aussi: “Vous serez mes témoins”. Si vous n’êtes pas témoins sur le terrain – dans votre famille, à l’école, dans vos groupes de détente, dans vos équipes de travail –, qui le sera à votre place?
7. Mais pour témoigner, il faut être sur de sa foi. Et il vous arrive de douter. Les découvertes de la science, les possibilités de la technique vous éblouissent, au regard de l’efficacité mystérieuse de la foi. Vous devez affronter ces problèmes. Puissiez-vous découvrir que Dieu est d’un autre ordre que l’observable et le mesurable des sciences, qu’il n’est pas non plus l’inconnaissable que de nombreux philosophes agnostiques tiennent à l’écart: il est à la source de l’être, et il est de l’ordre de l’amour, comme disait Pascal! Vous êtes invités à approfondir sans cesse vos raisons de croire, et surtout à faire connaissance avec Dieu tel qu’il s’est révélé en Jésus-Christ. C’est l’objet de vos catéchèses, de vos réunions, de vos révisions de vie, de vos lectures, de vos retraites, de votre prière. L’épreuve du doute peut vous conduire à une foi purifiée. Alors vous serez prêts, comme disait l’Apôtre Pierre, “à justifier l’espérance qui est en vous devant ceux qui vous en demandent raison”
8. “A quoi cela sert-il de croire”.
Voilà bien l’ultime question lancinante, qui retient beaucoup de vos amis. Je vous dirais d’abord: de quelle utilité parlez-vous? Si vous cherchez directement à utiliser Dieu et la religion comme un appoint pour réaliser votre bonheur sensible, pour servir vos intérêts ou l’efficacité d’entreprises qui dépendent de la nature, de l’intelligence et du cœur que Dieu vous a donnés en vue de maîtriser le monde, même pour parfaire votre stature morale, vous risquez d’être déçus. Dieu n’est pas de l’ordre des moyens, pour réparer nos manques. Il est Quelqu’un. Il existe pour lui-même, au-dessus de tout. Il mérite d’être connu, adoré, servi, aimé gratuitement, pour lui-même. Et c’est vrai aussi qu’il veut notre accomplissement plénier.
Irénée, successeur de Pothin et deuxième évêque de Lyon, disait: “La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu”. Certains m’ont demandé de parler de la vie éternelle. Chers amis, désirez-vous vraiment voir Dieu? Face à face dans l’autre monde, après l’avoir rencontré dans la foi en ce monde? Désirez-vous participer dès maintenant à sa Vie divine, être sauvés de ce qui vous éloigne de lui, être pardonnés de vos péchés? De telles grâces ne sont pas en votre pouvoir. Dieu seul peut vous les accorder. Et, à partir de 1à, il fera bien d’autres choses encore, par surcroît. Mieux que de changer les choses que vous lui demandiez, il vous changera vous-mêmes. A force de regarder Dieu, de lui donner votre foi, de le prier, de vous nourrir de lui, de “faire la vérité” avec lui, et en particulier de répondre au commandement de l’amour, vous ne serez plus les mêmes. En ce sens, oui, la foi est très efficace. Voilà les chemins pour vivre Dieu, comme vous dites. Dieu est plus grand que notre cœur.
9. Ce matin, vous avez entendu à la messe de ce 27eme dimanche les Apôtres prier Jésus: “Augmente en nous la foi”. C’est bien la prière qu’il nous faut adresser au Seigneur, en nous soutenant les uns les autres, car, avec un peu de foi, tant de choses seraient possibles, dit Jésus.
J’ai vu en effet des jeunes de nombreux pays, rassemblés comme vous en dialogue avec moi, pratiquement en chaque pays qui m’accueille. Beaucoup se posent des questions sur la foi comme vous. Ils voudraient réussir leur vie humaine, ils voudraient aussi réussir leur vie de foi et renouveler le monde. Ils sont affrontés à de graves problèmes dont je vous reparlerai Ils ne craignent pas de se réclamer de Jésus-Christ.
10. Mais peut-on retrouver le premier amour, celui que la communauté de Lyon, à ses origines, a manifesté pour son Seigneur? La ferveur première que vous avez peut-être connue lorsque vous avez découvert le Seigneur?
Il est bon de s’appuyer sur ces témoignages de ferveur: ils montrent ce que peut produire la rencontre de Jésus-Christ, quand on a un regard neuf. Mais l’histoire ne se répète jamais exactement dans des situations différentes. Les sentiments peuvent varier. Ils ne sont pas les plus importants. Parfois même, on passe par l’épreuve, dans la nuit, avant l’aurore, mais la fidélité demeure et l’attachement convaincu grandit. Plutôt que de regarder en arrière avec nostalgie, il faut regarder devant nous: le Christ nous appelle à une nouvelle avancée. L’Esprit Saint est le même qu’aux premiers temps. Il fait refleurir l’Evangile à chaque génération. “Lève-toi et marche!”.
II. E’ ILLUSORIO PRETENDERE DI CONSERVARE LA FEDE
IN CRISTO SENZA LA CHIESA
11. “Vous êtes le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu... chargé d’annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière”.
Chers amis, voilà comment saint Pierre s’adressait au nouveau peuple des baptisés, à l’Eglise. Quelle joie pour moi de vous entendre dire: “L’Eglise nous intéresse; pour nous, c’est un choix, une démarche personnelle!”. Vous vous situez dedans. Vous savez qu’il serait illusoire de prétendre garder la foi au Christ sans l’Eglise.
12. Cela ne vous empêche pas de souffrir des imperfections dont elle vous semble affligée, surtout lorsque vous voyez d’autres jeunes s’éloigner d’elle en invoquant cette raison. Vous la voudriez toujours accueillante, pleine de jeunesse, transparente à l’Evangile. Moi aussi je la voudrais ainsi, et j’y travaille sans cesse, avec la grâce de Dieu. Saint Paul disait: “Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise: il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier... il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée”.
Et de fait, telle est l’Eglise dans le projet de Dieu et dans sa réalité actuelle, invisible. Le Concile Vatican II décrit le mystère de l’Eglise avant de parler de ses structures, il dit: l’Esprit Saint “l’habite, la rajeunit et la renouvelle sans cesse, l’amenant à l’union parfaite avec son Epoux”. En ce sens, on pourrait parler d’une Pentecôte perpétuelle.
13. Sans tache ni ride... Mais l’Eglise a des rides. Elle peut d’ailleurs en avoir. Aujourd’hui ce n’est plus une adolescente, c’est une Mère qui, depuis deux mille ans, est affrontée aux secousses de l’histoire et aux tentations du monde. Au cours des siècles, elle a connu des persécutions, qui ont pu éveiller une nouvelle ferveur. Mais certains de ses membres ont connu aussi les séductions de l’esprit du mal, l’installation dans la richesse, la routine, ou simplement la tentation des compromissions dans le nécessaire dialogue du salut avec le monde. Jésus avait prié son Père: “Je ne te demande pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais”. L’Eglise n’est pas un club de soi-disant parfaits, mais un rassemblement de pécheurs réconciliés, en route vers le Christ, avec leurs faiblesses humaines.
Une des grandes misères de l’Eglise a été la division de ses fils, et il est urgent de chercher l’unité avec tous nos frères séparés, comme y travaillait si bien saint François de Sales, par les moyens de l’Evangile: l’amour et la recherche de la vérité. Car l’infidélité à la vérité serait une autre misère.
14. Voyez, chers amis, l’Eglise demeure sainte, parce qu’elle a été sanctifiée par le Christ. Mais la sainteté effective de ses membres n’est jamais achevée, comme une maison “clés en main”. Il reste toujours à bâtir, à rebâtir, à purifier. Et comment juger des défauts de nos aînés, si le péché nous atteint nous-mêmes? Devant le Sauveur, nous sommes tous pauvres et pécheurs. Et pourtant l’Eglise nous conduit aux sources de la sainteté depuis notre baptême. Elle est notre Mère. Une Mère qui nourrit et qui réconcilie. Une Mère, on ne peut pas la critiquer comme une étrangère, car on l’aime, celle qui nous a donné la vie!
Les saints, eux, sont les témoins visibles de la sainteté mystérieuse de l’Eglise. Ils sont demeurés les plus humains des hommes, mais la lumière du Christ a pénétré toute leur humanité. L’élan qui les a animés ne vieillit point. Ce sont les saints que l’Eglise béatifie et canonise, mais aussi tous les saints cachés, anonymes: ils sauvent l’Eglise de la médiocrité, ils la réforment du dedans, je dirais par contagion, et ils l’entraînent vers ce qu’elle doit être. Les Papes viennent s’incliner devant ces serviteurs de Dieu, comme le Curé d’Ars ou le Père Chevrier. Chers amis, par les saints, Dieu vous fait signe. Vous êtes tous appelés, vous aussi, à la sainteté!
15. Avec les saints, qui sont comme des phares, il y a tout le peuple de Dieu en marche. L’un d’entre vous écrit: “Nous voudrions l’Eglise comme une maison évolutive, avec la Bible comme racine, le Christ comme pierre d’angle et l’Evangile comme poutre maîtresse”. C’est une belle image. Saint Paul comparait l’Eglise au Temple de Dieu, mais aussi au corps humain. “Vous êtes le Corps du Christ, et ses membres chacun pour sa part”. Tous les membres n’ont pas la même fonction. C’est ce qui fait le charme et la vie du corps.
Vous jeunes, baptisés et confirmés, avec tous les laïcs chrétiens, vous êtes les cellules de base, sans lesquelles il n’y aurait pas de corps. Un organisme différencié, selon les situations: enfant, jeune, célibataire, époux, homme et femme, selon vos professions, selon les capacités que vous mettez au service des autres, selon les tâches d’apostolat ou même les ministères non ordonnés que vous rêvez pour l’animation de vos communautés. Il n’y a pas 1à de différence essentielle entre homme et femme. Si, sur le plan hiérarchique, les hommes sont seuls successeurs des Apôtres, sur le plan des charismes, les femmes animent l’Eglise tout autant que les hommes. Oui, l’Eglise compte vraiment sur chacun de vous: d’abord pour que vous développiez en vous cette vie divine qui vous a été donnée et pour que vous preniez votre part du service de l’Eglise et de votre mission de témoins auprès de vos camarades.
16. Dans le Corps du Christ, d’autres membres se sentent appelés à tout quitter pour suivre le Christ à la lettre, dans la vie religieuse ou les instituts de vie consacrée, en demeurant chastes, pauvres, disponibles, pour mieux signifier le Royaume de Dieu à venir. C’est une merveilleuse vocation, essentielle elle aussi à l’Eglise. Elle ne s’explique que par un surcroît d’amour pour le Christ, comme celui de la fiancée pour l’époux. Bienheureux ceux qui entendent cet appel, et qui ne l’étouffent pas! Certains m’ont avoué: “Nous avons la crainte d’être appelés à une vie consacrée”. Ne croyez-vous pas que le Christ est capable de vous combler de sa joie et de sa force?
17. Dans le Corps du Christ, une place particulière revient aux prêtres. Personne ne peut accéder au sacerdoce sans y être appelé par l’Eglise et être ordonné. Car le prêtre accomplit une fonction distincte de celle des autres baptisés: au nom du Christ, Tête du Corps, il rassemble ses frères comme le Pasteur, il veille à ce que sa Parole authentique leur soit accessible, il pardonne les péchés, il rend présents le corps et le sang du Christ pour en nourrir ses frères, et il reste à leur disposition pour les soutenir et les conseiller.
Comme c’est beau d’entendre l’un d’entre vous: “J’ai tant besoin d’un prêtre qui m’écoute!”. Oui, le prêtre est proche de vous, tout en demeurant en union intime avec le Christ, consacré totalement à l’Evangile, disponible à tout les hommes: son engagement dans le célibat lui est nécessaire. Demain, à Ars, j’en parlerai à tous les séminaristes de France, ayant sous les yeux le ministère formidable du Curé d’Ars. Le prêtre d’ailleurs fait plus que vous écouter: il peut apporter une réponse à vos doutes, et surtout il peut donner la réponse de Dieu à vos faiblesses avouées: c’est le pardon de Dieu, dans le sacrement de réconciliation. Allez-vous chercher ce pardon auprès du prêtre?
Pourquoi y a-t-il si peu de prêtres, alors qu’ils sont indispensables à la vie du Corps? Je vous le demande, chers amis. Comment serait-il possible que du groupe de jeunes croyants que vous êtes, généreux et avides de bâtir l’Eglise, ne se lèvent des vocations sacerdotales et religieuses? Je suis sûr que beaucoup ressentent cet appel. Qu’est-ce qui vous décourage? A vous, chers amis, d’y réfléchir. Moi, j’ai confiance. Et je vois que la relève du sacerdoce connaît un renouveau en beaucoup de pays du monde.
18. Dans la construction dont le Christ est la pierre maîtresse, saint Paul nous dit que la fondation, ce sont les Apôtres. Vous m’avez demandé quel était le rôle des évêques et du Pape. Ils assurent la transmission ininterrompue de la vie du Christ depuis les Apôtres. Ils sont “dépositaires de l’Evangile”; responsables de l’unité des chrétiens dans le diocèse, de leur fidélité dans la foi et de leur élan missionnaire; responsables de leur accès aux sacrements du Christ. Ils donnent des “repères”, pour votre conduite, comme vous le dites, et plus que des repères, car le Christ leur a confié les exigences du Royaume de Dieu, qui ne sont pas des conseils superflus mais des appels pressants. Disons qu’ils sont parmi vous les Bergers que Jésus a donnés à son Eglise. C’est la raison d’être de la hiérarchie: ceux qui marchent devant comme Bergers. Selon votre belle expression ils vous aident à “durer”. Sans évêque, il n’y a pas d’Eglise, et il n’y a pas de prêtres, car les prêtres participent au sacerdoce plénier de l’évêque. Saint François de Sales a été un évêque hors pair, un Pasteur courageux.
Moi, je suis Evêque de Rome, successeur de l’Apôtre Pierre; et, comme à lui, le Seigneur me demande de veiller aussi sur l’ensemble du troupeau – agneaux et brebis –, de servir l’unité, la fidélité et le progrès de toutes les Eglises particulières, en union avec mes Frères les évêques. On représente souvent saint Pierre avec les clés en main! Ce sont les clés destinées à ouvrir le Royaume de Dieu, à en faciliter l’accès. Priez aussi pour moi. Prions les uns pour les autres.
19. Remplissons exactement le rôle que Dieu a confié à chacun dans son Eglise. Sans pour autant mettre des cloisons dans notre maison. Bâtissons ensemble, vivons fraternellement dans l’estime les uns des autres. Ne laissons pas le fossé se creuser entre adultes et jeunes. Et vous, occupez bien votre place. Cherchez à comprendre le message de l’Eglise – il est parfois ardu car il est complexe, nuancé, destiné à tous les membres du Corps – et cherchez à l’expliquer aux autres et surtout à le vivre humblement.
A vie du Corps n’a pas seulement des structures, une ossature; elle a des relais, des communautés à taille humaine où il est plus facile de partager, de donner et de recevoir. Votre famille, chacun de vos mouvements, vos aumôneries, sont des relais. La paroisse est aussi un relais nécessaire, car elle permet aux membres du Corps – si divers soient-ils – de prier, de célébrer, de se réconcilier avec Dieu et d’agir ensemble, sans cloisonnements. Prenez-y part simplement, activement, dans le respect des autres; apportez-y votre musique, mais harmonisez-la avec le concert de vos frères et sœurs différents de vous. L’Eucharistie dominicale est le temps fort de la vie en paroisse. Ne soyez pas de ceux qui croient pouvoir vivre leur foi sans participer régulièrement au rassemblement fondamental de l’Eglise.
20. Aucune communauté locale, si dynamique soit-elle, ne peut se refermer sur elle-même. Aucun diocèse non plus. C’est l’Eglise universelle qui donne la dimension au Corps du Christ.
‘Eglise a-t-elle un avenir, questionne l’un d’entre vous? Elle en a un, car elle est fondée sur le Christ vivant. A-t-elle un bel avenir dans telle ou telle région? Cela dépend aussi des chrétiens.
‘Eglise va-t-elle évoluer Elle ne peut changer les fondements de la foi, de la morale, des sacrements, de la structure du Corps du Christ: on n’invente pas une Eglise du Christ en l’an 2000! mais elle peut, elle doit se renouveler face aux questions nouvelles, aux nouvelles incroyances. Elle en a la capacité, avec l’Esprit Saint. La déchristianisation n’est pas fatale, elle est une maladie de parcours, un défi à relever.
Eglise de France, laisse-toi interpeller par les jeunes Eglises, celles que tes missionnaires sont allés planter. Elles ont peut-être un nouvel élan à te donner! La France était la fille aînée de l’Eglise, parmi les nouvelles nations, après les invasions dites barbares; l’Eglise a d’autres filles qui ont grandi! Mais nous comptons toujours beaucoup sur vous, jeunes de France, qui avez reçu tant de grâces au cours de votre histoire.
Avec vos évêques, au nom du Christ qui en a donné le mandat aux Apôtres, je vous envoie en mission!
III. NON ACCETTATE DI TRANSIGERE SULLA VERITÀ IL BENE, IL RISPETTO DELLA DIGNITÀ DELL’ UOMO
21. Ce que je ferais à votre place, chers amis? Je regarderais le monde avec vous; je regarderais ma conscience; et je regarderais en même temps l’Evangile.
n y lit qu’un jour Jésus se trouvait devant une grande foule, environ cinq mille personnes avides de l’écouter, d’être libérées de leurs maux, de trouver près de lui des raison e vivre, mais ils n’avaient pas à manger, c’était le soir, c’était le désert. Jésus ne voulait pas les renvoyer sans manger. Les Apôtres étaient désemparés: “Il y a bien ici un enfant qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde?”.
Et vous, chers amis, vous me semblez pleins de sincérité, de générosité devant les foules du monde aux multiples besoins. Mais vous semblez dire: “Qu’est-ce que notre bonne volonté pour tant de monde?”.
Commencez par apprécier ce que vous avez, commencez par discerner les beautés du monde, par découvrir les beaux gestes de vos frères, et même reconnaître simplement les bonnes dispositions que Dieu a mises dans votre cœur. Il me plaît de vous entendre dire: “Nous voulons la paix, une communication vraie entre les hommes. Nous voulons le partage. Nous sommes heureux d’être dans un pays de liberté, de nous appuyer sur une famille qui s’est sacrifiée pour nos études. Nous avons nos projets de famille. Nous voulons vivre, réussir notre vie, et aussi cèle du monde. Et 1à où c’est nécessaire, nous voulons changer les mentalités”. Le Christ aime ainsi la jeunesse, pleine d’idéal, comme il aimait le jeune homme riche de l’Evangile. J’ajouterais: n’acceptez pas de transiger sur la vérité, le bien, le respect de la dignité de l’homme. Ce sont les principes d’un monde nouveau.
22. Mais cet idéal est soumis à rude épreuve. Résistera-t-il à la dure réalité de ce monde? Finira-t-il comme les utopies? Sera-t-il un feu de paille? E ce rassemblement fervent de ce soir, sera-t-il une fête sans lendemain?
La liste est longue des maux de notre société qui vous préoccupent, parfois jusqu’à l’angoisse: tant de solitudes humaines, le chômage de tant de jeunes, les misères de toute sorte, les illusions d’une fausse liberté même les risques inhérents à nos progrès nucléaires, à l’envahissement des gadgets artificieles, à une technicité qui augmente l’anonymat, qui dépersonnalise et va jusqu’au commerce des embryons humains. Dénoncez sans crainte ce qui es lié d’une façon plus évidente encore au péché des hommes, à leur peurs égoïstes. Est-il besoin de nommer à nouveau l’intolérance, le racisme, la torture, la prostitution, la drogue et les tentations de désespoir, la délinquance, l’avortement, la banalisation des gestes de l’amour, le terrorisme aveugle et sans pitié, quelles que soient les raisons invoquées? A Casablanca, devant les jeunes Musulmans, je faisais cette prière à Dieu: “Ne permets pas qu’en invoquant ton nom, nous venions à justifier les désordres humains”. Car ce qui est sûr, c’est que Dieu ne veut pas le mal. Il a créé les hommes pour l’amour, pour la paix, pour la solidarité, la maîtrise raisonnable du monde. Continuez à compatir, comme Jésus, devant les souffrances. Continuez à appeler mal ce qui est mal.
23. Et vous saurez garder aussi le cœur ouvert aux misères des grandes foules du Tiers monde, affamées de pain, de liberté, de dignité, assoiffées de Dieu. Dans le quartier de La Guillotière, le Père Chevrier souffrait de voir les enfants exploités et analphabètes, les gens épuisés par le travail, mal nourris, mal logés, vieillards à trente ans. Voilà, chers amis, le lot de tant de peuples qui luttent avec peine pour leur développement, celui aussi de vos voisins du quartmonde.
24. Vous, soyez lucides. Ne vivez pas pour autant dans l’angoisse. La diffusion surabondante des nouvelles tragiques, des problèmes insolubles, peut mettre sur vos épaules un fardeau trop lourd à porter. Votre angoisse n’apporterait rien aux pauvres. Faut-il vous sentir coupables, ressentir en vous la faute de tous ces maux? Non, vous n’êtes pas, au sens strict, responsables de ces grandes misères, mais vous allez peu à peu y avoir une responsabilité pour contribuer à y remédier. Ne pointez pas non plus trop vite votre doigt accusateur sur les “grands” de ce monde, sur d’autres catégories de personnes, sur d’autres pays. La responsabilité humaine existe pour beaucoup de ces maux, c’est vrai. Mais elle est complexe, beaucoup y ont part de façon solidaire. Dieu a créé le monde solidaire, et le monde en use, pour le meilleur et pour le pire. Mais cette solidarité est une chance; elle va nous permettre de réagir ensemble.
25. Il faut que les choses changent. Il faut d’abord que le cœur de l’homme change. Du cœur dépend le regard attentif et bienveillant, du cœur dépend le geste d’entraide des mains. Le Père Chevrier a commencé par aimer les pauvres de La Guillotière, il s’en est approché, il a vécu au milieu d’eux, il s’est fait pauvre comme eux. Il a regardé le Christ de la crèche, de la Croix, de l’Eucharistie, si pauvre et si proche de nous. Surtout, il a reconnu la dignité des pauvres, le bien dont ils étaient capables. Il a vu le Christ à travers eux. Et il pouvait dire, avec Jésus: “Bienheureux les pauvres, ceux qui ont un cœur de pauvre, car ils sont ouverts au Royaume de Dieu”.
Chers amis, considérez avec ce regard évangélique tous vos frères dans le besoin, vos voisins, et ceux qui sont au loin.
L’amour ne se contente pas de regarder: il essaie d’apporter sa part de soulagement, d’entraide concrète et inventive, de prière. Pauline Jaricot, votre compatriote laïque, a passé sa vie à chercher les solutions à sa portée pour venir au secours des jeunes canuts, elle les a aidés à se regrouper, elle a tenté de créer des emplois pour eux, elle a imaginé une caisse de solidarité, où elle s’est elle-même ruinée. Et pour tous les missionnaires du monde elle a suscité aussi une participation financière et une participation de prière. La pauvre Pauline a remis son âme à Dieu sans voir l’épanouissement de son œuvre de charité, de son œuvre missionnaire. Nous en bénéficions aujourd’hui.
26. Mais peut-être votre question demeure-t-elle: “Qu’est-ce que cela pour tant de monde?”. Le Concile Vatican II a bien éclairé ce rapport entre nos modestes efforts actuels et le monde nouveau que nous espérons. Je vous cite ce texte: “A qui demande comment une telle misère peut être surmontée, les chrétiens confessent que toutes les activités humaines, quotidiennement déviées par l’orgueil de l’homme et l’amour désordonné de soi, ont besoin d’être purifiées et amenées à leur perfection par la croix et la résurrection du Christ”, “La loi fondamentale de la perfection humaine, et donc de la transformation du monde, est le commandement nouveau de l’amour... Le Christ apporte la certitude que l’effort qui tend à instaurer une fraternité universelle n’est pas vain... Cette charité ne doit pas seulement s’exercer dans des actions d’éclat, mais, avant tout, dans le quotidien de la vie”, “Elle passe, certes, la figure de ce monde déformé par le péché; mais... la charité et ses œuvres demeureront”, Autrement dit, “s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le Royaume de Dieu...”.
Ainsi les chrétiens ne sauraient déserter les tâches de ce monde, mais les entreprendre avec encore plus d’enthousiasme, dans l’amour et dans l’espérance.
27. Et vous, chers jeunes, dès maintenant, à votre âge, 1à où vous êtes, prenez votre part au relèvement du monde. D’abord préparez-vous à y jouer un rôle, un rôle de service, par toutes les compétences humaines, scientifiques, techniques que vous êtes en train d’acquérir à l’école, à l’université ou dans votre apprentissage. Et surtout, fortifiez en vous les valeurs morales de droiture du cœur, de loyauté, de pureté, de respect des autres, d’esprit de service, de don de soi, d’endurance dans l’effort, sans lesquelles le changement matériel et technique du monde n’aboutirait pas à un progrès. On le voit dans certains pays qui ont cru progresser en changeant de régime politique ou économique sans élever la valeur morale des personnes.
Mais, en plus de cette préparation importante, vous devez dès aujourd’hui vous engager, non seulement dans le soutien verbal et massif de grandes causes par solidarité avec les efforts des hommes pour un monde meilleur, mais dans les mille gestes concrets que vous inventez et réalisez, personnellement et en équipe, pour améliorer le sort de ceux qui vous entourent et aussi de ceux qui sont au loin, pour aider les mentalités à changer. Vous montrez alors que vous sortez de vous-mêmes pour vous soucier des autres. Ne dédaignez pas ces petites choses qui comptent beaucoup aux yeux de Dieu, et qui ne sont jamais perdues, parce que accomplies dans la charité du Christ. Jésus attribuait de l’importance et une récompense dans le ciel à celui qui offrait un simple “verre d’eau fraîche” à l’un de ses disciples, qui développait avec courage quelques talents. Pourquoi? Parce que le Christ saisit lui-même dans ses mains le pain et le poisson du petit garçon. Il les multiplie à sa façon. Vous avez ébauché un geste d’amour, de justice, de pardon. Le Christ prend votre offrande avec la sienne. Elle a abouti, à travers la Passion, à sa Résurrection. Elle a inauguré le monde nouveau. Oui, le monde nouveau est enfanté aujourd’hui, à travers vos gestes d’amour et grâce au souffle de l’Esprit Saint!
28. Il est un domaine particulier où un monde nouveau est enfanté: je m’adresse à ceux qui se préparent à fonder un foyer, après avoir parlé tout à l’heure des religieux et des prêtres. C’était aussi une de vos questions, une question très importante, et j’aimerais vous en parler davantage. Je m’exprime souvent à ce sujet, en d’autres circonstances, ce matin encore à Paray-le-Monial. Trop d’entre vous souffrent de l’éclatement de leurs familles. Vous dites: “Un amour vrai, durable, est-il encore possible?”. Au nom du Christ, je vous dis: oui, il est possible. C’est tout le projet de Dieu sur le foyer. Le projet d’amour nuptial qui s’inscrit en vous, si c’est votre vocation, est d’une grande beauté: il correspond à un appel de Dieu qui a créé l’être humain “homme et femme”. Mais on apprend l’amour nuptial jour après jour. Là aussi, vous avez votre responsabilité, dès maintenant. Comme je l’expliquais dans ma Lettre aux jeunes, il y a un apprentissage du don désintéressé de soi, dans la limpidité et la simplicité, qui se fait durant toute l’adolescence et la jeunesse, et sans lequel le mariage serait une faillite, un égoïsme à deux. Il y a apprentissage du respect de l’autre, de son intériorité, de toute sa personne dont le corps est l’expression. Il y a un apprentissage de toutes les valeurs morales nécessaires à la vie. Il y a une préparation aux responsabilités que vous porterez ensemble pour le don de la vie et l’éducation des enfants, pour le service de la société. Car le mariage est une expérience qui comble le cœur, mais aussi une tâche à accomplir. Le temps de fréquentations, des fiançailles, est ce temps merveilleux d’apprentissage. Ne le gâchez pas. Prenez soin de vous préparer dès maintenant à un tel engagement. Ne confondez pas l’expérience prématurée de la jouissance avec le don de soi dans l’amour lucidement consenti pour toujours. Je vous souhaite ce grand bonheur de former devant Dieu, avec la grâce du sacrement de mariage, un couple où chaque conjoint cherche sans cesse le bonheur et le bien de l’autre, et ne craint pas, avec lui, de donner la vie, selon le plan de Dieu. C’est à partir de telles familles que se refera le tissu de la société, le monde nouveau auquel nous aspirons.
29. Voilà chers amis, des raisons de vivre. Si elles comportent certains interdits, c’est que le mal moral demeure toujours interdit, non pas d’abord par le Pape, mais par la conscience de chacun qui rejoint la volonté de Dieu. C’est ce mal, quel qu’il soit, qui blesse la dignité de l’homme, son bonheur, son humanité. Mais le Christ ne nous abondonne jamais dans le mal. Au pécheur, à l’homme faible qui met sa confiance en lui il dit: “Lève-toi et marche!”.
30. Je vais d’ici peu me rendre à Notre-Dame de Fourvière heureux d’y prier la Vierge avec les religieux. Pauline Jaricot avait inventé la chaîne de prière du rosaire vivant. Que la Vierge vous accompagne vous aussi dans votre marche! Comme elle, laissez-vous habiter, envahir par l’Esprit Saint. Il vous inspirera les raisons de vivre. Il vous donnera la force de vivre pour Dieu et pour les autres. Et de surcroît, la joie!
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