DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX PARTICIPANTS À LA XIIe CONFÉRENCE DE LA F.A.O.*
Samedi 23 novembre 1963
Chers Messieurs,
C’est une joie pour Nous d’accueillir ici le Président et les membres de la Douzième Conférence biennale de l’organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture. Plus de cent pays représentés, dont une quarantaine par leurs propres Ministres de l’Agriculture : ces chiffres suffisent à montrer la solide implantation de votre méritante institution dans le chœur des organisations internationales nées à l’occasion du second conflit mondial.
Nous le reconnaissons d’autant plus volontiers qu’il Nous a été donné, Nous pouvons le dire, d’assister à la naissance de la FAO, de la connaître dans sa première et modeste résidence de la Villa Borghèse, puis de la voir parcourir tout le chemin qui l’a conduite aux magnifiques développements qu’elle connaît aujourd’hui.
Un chemin semé d’initiatives généreuses, désintéressées, n’ayant en vue que le bonheur de l’humanité et les moyens d’en assurer un élément primordial: faire reculer la redoutable plaie de la dénutrition, qui maintient encore aujourd’hui, malgré les stupéfiants progrès de la technique, une si grande partie du genre humain dans un état de douloureuse infériorité physique et - par voie de conséquence - intellectuelle et morale.
Rien d’étonnant qu’à des activités aussi directement orientées vers le bien des hommes, l’Église ait été la première à applaudir. Rien d’étonnant à ce que, dès le début, votre Organisation ait entretenu avec le Saint-Siège les cordiales relations auxquelles votre Président faisait allusion tout à l’heure.
Vous vous souvenez comme Nous de l’accueil que vous réservèrent ici même Nos deux derniers Prédécesseurs. Pie XII voulut que le Saint-Siège eût en permanence des observateurs accrédités auprès de la FAO. Jean XXIII considérait vos activités comme la mise en pratique, au plan international, de la première de ces « œuvres de miséricorde » dont la mention revenait souvent sur ses lèvres, et il n’eut pour vous que bienveillance et encouragements. Il voulut donner officiellement l’appui de l’Église à vos campagnes, et faire une mention explicite de votre Organisation dans sa mémorable encyclique Mater et Magistra.
Nous n’avons donc pas été étonné de voir par les comptes rendus de la presse, que dès l’ouverture de votre présente session votre Directeur général avait évoqué la mémoire de cet inoubliable Pontife et avait tenu à lui rendre un hommage public.
Revêtu à Notre tour de la lourde charge du Pontificat Suprême. Nous n’avons garde d’oublier que Notre sollicitude doit s’étendre, bien au delà des limites visibles de l’Église catholique, jusqu’à tout ce qui intéresse le vrai bien des hommes. Et Nous sentons, avec une acuité douloureuse, monter jusqu’à Nous l’appel au secours qui s’élève de ces immenses régions du globe où les peuples en voie de développement attendent de leurs frères plus fortunés l’aide qui les sauvera.
Cet appel, vous l’avez entendu, et vous avez mis en œuvre les moyens d’y répondre. Au cours de la présente session de votre Organisation, dont votre très digne interprète a relevé toute l’importance, vous vous penchez principalement sur le problème-clé de tout progrès en ce domaine; celui de l’agriculture. Nos vœux et Nos prières, soyez-en sûrs, accompagnent vos travaux.
Et si, Nous tournant vers l’avenir, Nous voulions formuler un souhait à votre intention, ce serait celui-ci : que l’efficacité de votre Organisation s’affirme de plus en plus dans les faits ; que ses interventions pratiques et concrètes se multiplient dans toutes les régions sous-développées, et apportent à tant de nos frères malheureux, avec le secours si attendu et désiré, la preuve que l’humanité constitue une seule et grande famille, où la souffrance des uns est ressentie par les autres. Qu’ils aient ainsi l’évidence que la charité triomphe, enfin, de l’égoïsme, et que le bien prévaut sur le mal. De la sorte, au delà de la finalité directe de votre Organisation, vous aurez atteint des objectifs d’ordre humain et moral, auxquels vous comprendrez que Nous soyons particulièrement sensible, puisqu’ils intéressent le progrès non seulement matériel, mais spirituel du genre humain.
Dieu, Nous en sommes sûr, fera fructifier vos efforts. Nous le Lui demandons de tout cœur, tandis que Nous invoquons sur le Directeur Général de la FAO, sur le Président de la présente Conférence, ainsi que sur toutes vos personnes, vos familles et vos pays respectifs, l’abondance de ses divines bénédictions.
*AAS 56 (1964), p.40-42.
Insegnamenti di Paolo VI, vol. I, p.342-345.
L'Osservatore Romano 24.11.1963 p.1.
L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.48 p.3.
La Documentation catholique, 1964 n.1415 col.18-20.
Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana